mardi 20 mars 2007

Guillaume Apollinaire

Guillaume Apollinaire naît à Rome. Il poursuit des études aux lycées de Cannes puis de Nice. À 20 ans, il fréquente la bohême parisienne où il vit d'expédients : littérature alimentaire (romans populaires d'aventure, héroïque ou érotique). Soupçonné dans le scandale du vol de la Joconde, il est emprisonné durant une semaine à la prison de la Santé ; cette expérience le marquera passablement.
Il se fait précepteur dans une famille allemande. Dans cette famille, il rencontre une anglaise prénommée Annie Playden, avec laquelle il va vivre une courte aventure amoureuse, qui toutefois va profondément l'affecter. Lorsque Annie le quitte, il la suit en vain jusqu'en Angleterre, mais Annie s'en va en Amérique en 1904, s'éloignant définitivement d'Apollinaire. Apollinaire célébrera sa relation avec Annie et la douleur de la rupture dans de nombreux poèmes, dont Annie.
De retour en France en 1908, on lui connaît une liaison avec l'artiste peintre Marie Laurencin. En 1910, il commence l'écriture de poèmes recueillis dans Alcools. Il se lie d'amitié avec Picasso, Derain, de Vlaminck et le douanier Rousseau.
Il s'engage dans l'armée en 1914, il chante la guerre en tant que « beau spectacle ». La guerre est pour lui l'occasion de se déclarer « vrai Français », de servir sa patrie. Affecté au 38e régiment d'artillerie puis au 96e régiment d'infanterie avec le grade de sous-lieutenant, il est blessé à la tête par un éclat d'obus le 17 mars 1916, il est évacué et trépané, puis retourne à Paris.
Guillaume Apollinaire meurt le 9 novembre 1918 de la grippe espagnole ou des suites de ses blessures. Il fut enterré au cimetière du Père Lachaise à Paris.
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Extrait de Alcools, Crépuscule
À Mademoiselle Marie Laurencin
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Frôlée par les ombres des morts
Sur l'herbe où le jour s'exténue
L'arlequine s'est mise nue
Et dans l'étang mire son corps

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Un charlatan crépusculaire
Vante les tours que l'on va faire
Le ciel sans teinte est constellé
D'astres pâles comme du lait

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Sur les trétaux l'arlequin blême
Salue d'abord les spectateurs
Des sorciers venus de Bohême
Quelques fées et les enchanteurs

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Ayant décroché une étoile
Il la manie à bras tendu
Tandis que des pieds un pendu
Sonne en mesure les cymbales

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L'aveugle berce un bel enfant
La biche passe avec ses faons
Le nain regarde d'un air triste
Grandir l'arlequin trismégiste

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Extrait de Poèmes à Lou, Je pense à toi
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Je pense à toi mon Lou ton cœur est ma caserne
Mes sens sont tes chevaux ton souvenir est ma luzerne

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Le ciel est plein ce soir de sabres d'éperons
Les canonniers s'en vont dans l'ombre lourds et prompts

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Mais près de toi je vois sans cesse ton image
Ta bouche est la blessure ardente du courage

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Nos fanfares éclatent dans la nuit comme ta voix
Quand je suis à cheval tu trottes près de moi

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Nos 75 sont gracieux comme ton corps
Et tes cheveux sont fauves comme le feu d'un obus
qui éclate au nord
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Je t'aime tes mains et mes souvenirs
Font sonner à toute heure une heureuse fanfare
Des soleils tour à tour se prennent à hennir
Nous sommes les bat-flanc sur qui ruent les étoiles
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Mon avis :
J'ai découvert les calligrames et le surréalisme grâce aux poèmes d'Apollinaire. Malgré le peu d'enthousiasme que me procure en général la poésie, les recueils de ce poète sont si originaux qu'ils ont réussi à retenir toute mon attention... et j'ai beaucoup aimé !
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Petite définition :
Un calligramme est un poème dont la disposition graphique sur la page forme un dessin, généralement en rapport avec le sujet du texte, mais il arrive que la forme apporte un sens qui s'oppose au texte. Ce genre a été pratiqué au début du XXe siècle, notamment par le poète français Guillaume Apollinaire, qui est à l'origine du mot (formé par la contraction de « calligraphie » et d'« idéogramme »), dans un recueil éponyme (Calligrammes, 1918). Étymologiquement, ce mot-valise signifie «Belles Lettres» dans la mesure où il reprend l'adjectif grec kali (="belle") et le nom gramma qui signifie "signe d' écriture","lettre"; il s'agissait donc pour Apollinaire d'« écrire en beauté » Il aurait ainsi déclaré parodiquement à son ami Picasso : « anch'io son' pittore, moi aussi je suis peintre! » Ainsi, cette forme particulière de poésie est parfois nommée poésie graphique. Mais si Apollinaire demeure l'auteur de calligrammes le plus reconnu par l'histoire littéraire, il n'a pas inventé le "poème-dessin "; Rabelais au XVI° siècle avait ainsi représenté sa "dive bouteille"! (source : wikepédia)

1 commentaire:

  1. j'aime beaucoup le calligramme, il est si simple et si beau ! Les deux autres poèmes que tu as mis sont aussi très jolis... Je ne connais pas trop Apollinaire, mais ça me donne envie de m'y plonger ! Merci ;-)
    PS : tu devrais publier ta présentation sur le forum...

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