jeudi 24 juillet 2008

La Solitaire - quatrième partie

Cette créature n'était que la première que nous rencontrions, et mon monde nous réservait encore quelques surprises. Apparemment Breval était déjà sous le choc... Comment un homme si banal, même avec une armure comme la sienne, pouvait-il être un héros sur une quelconque planète ? Je doutais toujours de ses compétences et de la véracité de ses paroles. Il me semble qu'en mon for intérieur je souhaitais que son histoire fût réelle, et pour cela je le conduisais dans un endroit où je n'avais jamais mis les pieds – mais je savais que cette porte existait.

Breval m'avoua plus tard qu'il n'avait jamais vu de ces créatures si bizarres dans son monde. Visiblement celles qui vivaient sur la Wicca ne leur ressemblaient aucunement mais étaient tout aussi dangereuses. Il se renseigna sur les autres monstres que nous aurions pu rencontrer et ceux que nous pourrions encore croiser. Il ne parut pas rassuré lorsque je lui dis qu'il n'avait rien à craindre tant qu'il était avec moi... je le remerciai pour sa gratitude...

Vers la fin de la journée suivante nous sortîmes de la forêt de Cérez. Un paysage désolé, pleurant le désespoir nous attendait. Nous fîmes quelques pas en avant, absorbés par la brume blafarde qui s'étendait d'un bout à l'autre de la plaine. Les cailloux gris crissaient sous nos pieds. Un vent glacial sifflait sur cette terre morte et nous avancions en retenant notre souffle de peur de réveiller les morts... Il n'y avait rien ici, que l'agonie. Pas un arbuste, pas une branche, pas un son non plus. J'avais une folle envie de faire demi-tour ! Seulement je n'avais pas le choix, et les oiseaux de Brume me le rappelèrent...

Ils surgirent du ciel... leurs longues ailes déployées avaient une grande envergure... Deux de ces rapaces tournoyèrent au-dessus de nos têtes en poussant des cris stridents, les chevaux les regardaient d'un air terrifié. Mon épée ne servirait à rien contre ces bêtes : d'après ce que je savais d'eux, leurs plumes les protégeaient de ce genre de magie... Ils étaient exactement de la couleur de la brume et se camouflaient dans les nuages jusqu'à ce qu'ils aient repéré une âme perdu dans leur désert. Je ne pensais même plus à survivre. Après tout, comment aurait-ce été possible ? Pas de lieu où trouver refuge, pas d'armes assez puissantes contre leurs serres... juste nous, au beau milieu de nulle part, et à leur merci...

Mais quand les oiseaux de Brume percèrent le ciel pour venir à notre rencontre et nous déchiqueter, il se produisit une chose absolument fantastique. Je fus certainement la plus surprise d'entre nous... Un énorme ovale bleu forma un champ de protection autour de nous quatre, empêchant les volatiles de nous attaquer. Ils se fatiguèrent assez rapidement en donnant des coups de griffes, et finirent par abandonner leur combat acharné. J'aurai dû me douter plus tôt des pouvoirs extraordinaires que pouvait avoir une licorne noire. Elle garda ce champ autour de nous pendant quelques instants seulement, mais nous savions tous que les oiseaux ne reviendraient pas... Alors nous continuâmes de marcher toujours droit devant nous.

Je n'avais qu'une connaissance très rudimentaire de la plaine Brumeuse et de ses alentours, ainsi que de ce que l'on pouvait y voir... Au loin, un marécage apparaissait avec ses grands arbres retombants, ses plantes aquatiques et son atmosphère humide, pesante. Un nuage gris était comme accroché au-dessus. Nous nous rapprochions, pas à pas. Personne n'était à l'aise dans cet endroit... A présent je me rendais compte des dangers auxquels nous avions survécu et je me disais au fond de moi-même que j'avais fait preuve d'une grande imprudence, ainsi que ce soi-disant héros, qui m'avait délibérément entraînée dans son périple fou.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire