vendredi 14 novembre 2008

In a whisper... deuxième partie

Je errais, oisive, dans les rues au matin. M'arrêtant ça et là devant une boutique, un café, essayant de me remémorer des souvenirs lointain. Les piétons ne faisaient nullement attention aux autres personnes présentent sur les trottoirs, individu parmi les individus. Ils regardaient uniquement où ils posaient les pieds, évitant les plaques de verglas. J'avoue que moi-même je ne m'intéressais pas à eux non-plus. Je flottais trop, dans mes propres pensées pour cela.
Toutefois, alors que je venais de me décider à retourner m'assoir sur ma fontaine, je fus attirée par une voix de l'autre côté de la rue, une voix familière et pourtant entendu que très rarement. Mon ouïe ne me trompa pas. Devant le commissariat, un officier saluait ses collègues, visiblement de bon humeur.
Sa voix de ténor résonna dans un rire, il fit un geste en direction d'un tierce personne plus proche de moi. Ses yeux sombres, son teint clair... et l'autre, une femme à la belle chevelure couleur des blés... Je n'aurais pu, je n'aurais su les oublier. Ces visages. J'avais toujours eu cette incroyable facilité à reconnaître et à différencier les gens, de près ou de loin, seuls ou en pleine foule. L'officier traversa pour la rejoindre, ils s'embrassèrent amicalement, puis entrèrent dans un café-restaurant au coin de la rue. Je les suivis. Tomber sur eux était une véritable aubaine.

Il y avait peu de clients à cette heure-ci. Je pris donc une table derrière eux, cachée par un paravent orné de paillettes démodées. La conversation ne fut que politesses et nouvelles. J'attendais les ragots avec impatience, trépignant sur ma chaise. Je me surpris même à me ronger les ongles. Avais-je si peur de ne rien apprendre ? Finalement, mes muscles crispés et mes sens en alertes se calmèrent un peu quand j'entendis ce qui m'intéressais.
- Oui, ça à l'air d'aller. Je suis étonné que tu n'ai pas eu de nouvelles avant aujourd'hui !
- Je ne sais pas, il est distant je trouve. J'ai su qu'il avait beaucoup de travail à l'hôpital, mais ce n'est pas ça...
Oui, oui ! Quel hôpital ? Bien sur, ils n'allaient pas le mentionner, cela aurait été trop facile. Je me reconcentrais sur la conversation.
- J'avoue que c'est étrange, ça fait tellement longtemps qu'il n'a pas été comme ça.
Il y eut un silence et ils échangèrent un regard lourd de sens ; cela ne m'échappa pas, ni le regard, ni son sens caché. Je piquais un fard, je me sentis mal.
- Il n'est plus avec sa copine. Ce n'était pas une question.
- Non, j'en ai bien peur.
- Tout allait bien pourtant. Que s'est-il passé ?
- Aucune idée, il n'a pas voulu me le dire.
J'avais les mains qui tremblaient derechef. Ce qu'il s'était passé, eux ne le savaient pas, moi si. Je me levai de ma place, vacillai. Ma tête me tournait, mes yeux ne voyaient même pas clair, complètement embués. J'en avais assez entendu pour aujourd'hui. Je n'avais pas appris grand chose certes, mais ça suffisait amplement. J'étais bonne pour faire tout les hôpitaux de cette fichue ville. Il fallait que je le retrouve avant qu'il ne fasse une bêtise !

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